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Toute autobiographie est une oeuvre de « reconnaissance ». Muriel Jaër, avec beaucoup de subtilité et une belle écriture, sait rendre hommage à sa famille, aux maîtres musiciens et peintres, à ses maîtres de danse surtout, puis aux maîtres spirituels ainsi qu'à tous ceux qu'elle a aimés et rencontrés ; elle donne de chacun un portrait sensible et saisissant. On n'est pas prêt d'oublier Sibylle sa mère, André son père, prix Nobel de médecine, son frère Pierre, qui peu de temps avant de mourir tragiquement écrivait, citant Oscar Wilde : « Il y a des hommes qui décrivent des vies qu'ils ne peuvent pas vivre, d'autres qui vivent des vies qu'ils ne peuvent pas décrire. Je veux être parmi ces derniers ». Il y a aussi Jeanne Bucher, sa grand-mère, qui accueillit dans sa galerie, avant, pendant et après la guerre tant d'artistes inconnus (Georges Braque, Wassily Kandinsky, Fernand Léger, Nicolas de Staël...) qui allaient devenir célèbres. À son école, Muriel Jaër décrira les artistes qu'elle-même a bien connus : Edgar Varèse, Roger Bissière, Jean Lurçat, Maria Helena Vieira da Silva, Giacinto Scelsi qui lui répétait inlassablement « L'art est une voie de transcendance ». Cette voie, Muriel Jaër la parcourra non seulement à travers son art, la danse, mais aussi dans la rencontre de grands spirituels d'Orient et d'Occident.
