Read more
Oppression, violence politique et chaos institutionnel qualifient trop souvent
le quotidien des Palestiniens. Même s'ils détiennent une tradition universitaire et
scientifique solidement ancrée, comment peuvent-ils faire des sciences sociales, à la
fois autochtones et autonomes, dans un contexte privé de paix, de libertés et d'État ?
Comment définissent-ils leurs disciplines alors qu'ils sont militairement occupés,
opprimés et colonisés ? Comment ces scientifiques et universitaires peuvent-ils se
former, se recruter et travailler tout en étant emprisonnés dans leurs enclaves ? Et
enfin, comment le nationalisme de survie, qui étreint chaque Palestinien, oriente ou
permet-il l'élaboration de projets académiques ?
Reposant sur plusieurs années de recherches de terrain, notamment pendant le
soulèvement palestinien - Intifada Al-Aqsa - de 2000 à 2005, ce livre permet de
répondre, en expliquant les mécanismes disciplinaires et universitaires fonctionnant
sous contrainte coercitive permanente. Il permet de comprendre ce qui pousse des
Palestiniens à embrasser la profession de chercheur et d'enseignant en sciences
sociales depuis les années soixante-dix. L'espace universitaire des Territoires
occupés et l'espace disciplinaire des sciences sociales sont analysés ici au prisme
de trajectoires d'individus en forte ascension sociale, dans le cadre d'une oppression
collective bientôt centenaire.
Mettant en relation science politique et sociologie des sciences, cet ouvrage contribue
à une anthropologie politique des sciences sociales. Il montre que nationalisme
et dépendance scientifique constituent des ressources de survie individuelle et collective,
en maintenant une connexion constante entre les universitaires palestiniens et
l'espace international des sciences sociales.