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Les institutions financières internationales ne considèrent plus
l'éducation et la formation comme un secteur non productif et secondaire.
Dans les pays du Sud, elles l'utilisent comme un élément clé
de la lutte contre la pauvreté et de la croissance vers une économie
mondiale fondée sur la connaissance.
C'est dans ce contexte qu'elles incitent aussi ces pays à valoriser
les savoirs locaux dans leurs écoles. Pour les besoins des nouveaux
programmes, ces savoirs sont segmentés, transformés et associés aux
savoirs scolaires, selon des logiques spécifiques et co-construites par
une multitude d'intervenants : organisations internationales, États,
ONG, associations de parents d'élèves, groupes religieux, etc.
Les politiques éducatives sont ainsi investies par des acteurs
transnationaux qui constituent un réseau dont les processus de décision
opaques reposent sur une connivence relative à la conception
du savoir comme d'un capital. Pourtant, il n'en résulte pas, pour
le moment, d'uniformisation des savoirs transmis : d'une part, car
les intérêts et les paradigmes des décideurs restent fort divergents.
Et d'autre part, car les nouveaux curricula engendrent des connaissances
hybrides dont la dynamique n'est pas entièrement maîtrisée
en amont. Cette hybridation se joue depuis l'élaboration des programmes
scolaires officiels jusqu'à la mobilisation des connaissances
par les apprenants, en passant par les savoirs réellement dispensés
dans les salles de classe.
L'ouvrage interroge la manière dont ces politiques éducatives
trans-nationalisées bouleversent les savoirs transmis aux jeunes
générations. Il décrypte, à différentes étapes, les procédés sociaux
et cognitifs qui président à la transmission des savoirs en Afrique
aujourd'hui, à partir des exemples de la ville de Dakar, plate-forme
de décision régionale, et du Burkina Faso.