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Pourquoi ce regroupement de textes portant sur le surréalisme et
signés de Guy Rosolato (1924-2012), médecin de grande culture et
psychanalyste ? C'est qu'une même aspiration à libérer la pulsion de vie
se trouve dans le surréalisme comme dans les savoirs toujours «en
travail» d'un siècle de freudisme. Or, la fraîcheur audacieuse, l'approche
originale et la pensée productive de Guy Rosolato commencent
seulement à être évaluées.
Ces pages, dont le thème est chaque fois un auteur ou une notion
formellement étiquetée «surréaliste», seront donc précieuses pour tous
ceux qui s'attachent à ce mouvement de pensée poétique dont la largeur
de compas ne cesse de se redéployer.
Elles relèvent de plusieurs ordres de pertinence.
Pertinence d'ordre anthropologique si l'on songe à l'objet «bizarre»
célébré par Picabia, ou au sujet sacrificiel auquel s'identifie Antonin
Artaud. Pertinence d'ordre phénoménologique, d'autre part : le motif de
l'ombilic, en tant que mode d'émergence de la «relation d'inconnu», est
mis en oeuvre pour décrire le régime de l'endroit/envers, qui ne relève
pas d'un système binaire. La notion d'«oscillation métaphorométonymique»,
dégagée par G. Rosolato dès 1974, relève elle aussi d'une
observation phénoménologique : cette forme d'«attention en mode
esthétique», où l'on retarde la catégorisation des formes et du plaisir
qu'elles procurent, Guy Rosolato la désigne du terme de jubilation.
C'est enfin l'interaction de la réflexion psychanalytique freudienne
avec ces observations anthropologiques ou phénoménologiques qui
développe un réseau de significations brillamment éclairantes.
Les textes ici réunis se développent de 1956-1957 jusqu'aux années
80 et 90. C'est donc de plusieurs passages d'encres, et d'encrages, qu'il
s'agit dans ce livre, tout autant que de circulations de sens entre
invention surréaliste et quête freudienne.