Read more
Une anthologie est, au sens littéral, un florilège. Et pas plus
qu'un bouquet de fleurs n'est un cours de botanique, une anthologie
de la poésie n'est ou ne devrait être un cours d'histoire littéraire,
un répertoire didactique ou un de ces compromis équilibrés
dans lesquels tous les poètes se voient attribuer, à peu de chose
près, le même espace. Tout comme la collection de disques du
mélomane, ou la collection de tableaux de l'amateur de peinture,
une anthologie doit obéir à des critères purement esthétiques.
C'est ce qui la distingue des simples «morceaux choisis». Donc,
elle reflète un goût. Aussi la présente anthologie est-elle une des
anthologies possibles de la poésie française, et non une moyenne
de tous les goûts possibles. Ayant choisi en fonction de la seule
beauté telle que nous la ressentons, nous avons refusé toute
ambition historique ou encyclopédique : on trouvera donc les
poètes dans ce volume selon l'ordre alphabétique.
Dans de très nombreux cas, le choix proposé ici coïncide avec
le choix consacré par la tradition ou les réputations. Dans d'autres
cas, il s'en écarte et récuse ces réputations, au risque de scandaliser.
En revanche, à côté d'exclusions significatives, il comporte des
inclusions inattendues. Le sens d'une anthologie ne peut être
que de raviver la sensibilité poétique en remettant sans cesse en
doute la question de ce qui est et de ce qui n'est pas de la poésie.