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Jacques Lacan, en 1955-1956, définit la psychose
comme une modalité de dire non à la castration - c'est
la Verwerfung (forclusion) du signifiant du Nom-du-Père
dans l'Autre du langage. S'en déduit une clinique
discontinuiste : les concepts structuraux - présence ou
absence du Nom-du-Père - permettent d'élaborer des
classes et de répondre dans le registre du certain. La fin de
son enseignement (années 1970-1980) ouvre une autre
perspective : «Si l'Autre existe, on peut trancher par
oui ou non [...] quand l'Autre n'existe pas, on n'est pas
simplement dans le oui-ou-non, mais dans le plus-ou-moins
[...]» (J.-A. Miller - 1998). Cette clinique nouvelle
de l'à-peu-près, de l'approximation, est continuiste. Elle
n'exclut ni la rigueur ni la postulation du mathème. La
psychose y devient un concept étendu, nullement épuisé
par les seules formes des psychoses psychiatrisées. Il y a
des psychotiques sans phénomènes élémentaires, sans
troubles du langage, sans délire, sans errance, etc. Ils
relèvent de la psychose ordinaire. Quelle clinique pour ces
patients ? Quelle place pour le psychanalyste ?
Ce court essai rassemble deux séries de cas. Dans la
première, des psychotiques s'adressent à un analyste - au
cabinet pour certains, dans le cadre hospitalier d'une
présentation de malades pour d'autres. Quels «bricolages»
vont-ils trouver - ou ne pas trouver - grâce au dispositif
analytique ? Dans la seconde, trois cas de psychoses extraordinaires
(J.-J. Rousseau, D. P. Schreber, A. Artaud)
trouvent leur issue dans un passage à l'écriture. Chaque
cas démontrera qu'effectivement «ne devient pas fou qui
veut» (J. Lacan - 1946) !