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«Kant, oui, a parlé des extraterrestres.»
Ainsi pourrait s'ouvrir ce petit traité de philosofiction (comme on
parle de science-fiction).
Ce qu'il s'agit avant tout d'interroger, avec ces aliens que Kant a dû
prendre au sérieux comme nul autre dans l'histoire de la philosophie,
ce sont les limites de la mondialisation. C'est-à-dire ce qu'il nommait
le cosmopolitisme.
Toutefois, avant de lire les considérations kantiennes sur les habitants
des autres mondes, avant de suivre son aliénologie raisonnée, on
en passe par l'analyse de la guerre des étoiles qui fait rage au-dessus
de nos têtes. Et l'on envisage d'abord les actuels traités internationaux
réglant le droit de l'espace, ainsi que la figure de ces cosmopirates que
Carl Schmitt a pu évoquer dans ses écrits tardifs.
À suivre ensuite les allées et venues des extraterrestres dans l'oeuvre
de Kant, il apparaît qu'ils sont la condition nécessaire pour une introuvable
définition de l'humanité. Infigurables, échappant à toute expérience
possible, ils sont pourtant inscrits au coeur même du sensible. Ils
en sont le point d'Archimède, depuis lequel se trame son partage.
Lire Kant, le lire en le faisant dialoguer avec des films de science-fiction
qu'il semble avoir vus d'avance, c'est le faire parler des questions
qui nous pressent et nous oppressent : notre planète menacée,
l'écologie, la guerre des mondes... Mais c'est aussi tenter de penser,
avec lui ou au-delà, ce qu'est un point de vue.