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Certes, à première vue, tout laisse à penser que
Palafox est un poussin, un simple poussin puisque son
oeuf vole en éclats, un autruchon comme il en éclôt
chaque jour de par le monde, haut sur pattes et le cou
démesuré, un girafon très ordinaire, au pelage jaune
tacheté de brun, un de ces léopards silencieux et redoutables,
volontiers mangeurs d'hommes, un requin bleu
comme tous les requins bleus, assoiffé de sang, en
somme un moustique agaçant de plus, avec sa trompe
si caractéristique, un éléphanteau banal, mais bientôt on
se prend à en douter. Palafox coasse. Palafox nous lèche
le visage et les mains. Alors nos certitudes vacillent.
Penchons-nous sur Palafox.
Etrange et fascinant projet que celui d'Eric Chevillard. A toute
allure, il nous entraîne sur les traces de sa créature polymorphe.
Les savants, les chasseurs, les victimes de Palafox se joignent
à nous dans cette quête essoufflante. De digressions en rebondissements,
on galope, médusé, à travers un récit stupéfiant.
Le rire éclate, la surprise enchante, le projet déconcerte : que
veut Chevillard ? On peut évoquer Pinget, Queneau, Michaux,
Perec : aucun modèle ne va vraiment à cette écriture d'une habileté
confondante, d'une drôlerie irrésistible et méchante, d'un
élan qui entraîne : suivons Palafox !
Isabelle Rüf, L'Hebdo
Durant 180 pages de prodiges, bizarreries, ruses cruelles,
sauvageries et désarmantes effusions, Palafox semble appartenir
à toutes les races possibles du règne animal. Ce qui n'inquiète
pas la famille provinciale, décidément digne, solennelle
et bourgeoise. Sous la fantaisie et la virtuosité, Eric Chevillard
entraîne son lecteur dans une méditation puissante sur le mal,
la bêtise et l'inhumanité tapis au coeur de l'homme.
Jean-Maurice de Montremy, Lire