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Les horreurs de M. Heudaux sont distillées avec un humour corrosif et pervers qui fera la joie des lecteurs (très) avertis. D'autre part, dans ce chapelet d'obscénités, il y a en fait un fameux goût de la liberté, une attaque en règle contre les tartuferies morales et une insolence dans le ton qui nous change de la littérature homosexuelle souvent un peu gémissante. L'horrible M. Heudaux n'a peur de rien, il jongle et joue avec ses pulsions sans complexe et surtout sans faire appel aux psychanalyses larmoyantes d'usage. Le vilain petit M. Heudaux, tout fier de sa perversion, ne serait-il pas plus sain que son prochain ?
Et puis il y a ce miracle qu'est la découverte d'une nouvelle écriture, d'un nouvel écrivain. Beckett et Marcel Aymé - un couple difficile à imaginer, non ? - se sont penchés sur le berceau de l'abominable M. Heudaux. Ça donne un texte vif, drôle, très moderne, très « rap », comme on dit à la radio, qui entraîne les mots et les choses dégueulasses dans une ronde effrénée. Ce qu'on s'amuse chez le dégoûtant M. Heudaux ! Mais au fond ça, on le savait déjà : l'antichambre de l'enfer est un endroit très gai.