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Marcel Proust
Désormais promu au rang de religion, le proustisme ne compte plus ses dévots,
mondains, professeurs et théoriciens de tous horizons rassemblés dans une
unanimité flatteuse que Proust lui-même aurait sans doute apprécié d'avoir
suscitée. Mais par quel mystère, s'interroge Jean-Paul Enthoven, ce drôle de
type, ce gommeux au teint jaunâtre, insomniaque et asthmatique, intrigant et
obséquieux, peut-il faire aujourd'hui l'objet d'un culte planétaire ?
Portrait
L'oeuvre
Proust aura porté tout au long de sa vie les sept volumes et trois mille
pages d'À la recherche du temps perdu. Et n'aura eu de cesse de réécrire,
d'amender, de corriger, d'ajouter sur ses fameuses «paperoles» et de
«vivifier» son texte afin d'atteindre à «la révélation de l'univers
particulier que chacun de nous voit et que les autres ne voient pas». Et
dans lequel, à travers la vingtaine d'extraits sélectionnés, Proust lui-même
nous offre ici de nous abandonner.
L'entretien
Selon le philosophe Antoine Grimaldi, l'oeuvre de Proust repose sur
l'idée que la réalité n'est qu'intérieure. Et que le souvenir
involontaire, qui surgit lors d'une lecture, de la contemplation d'un
tableau ou à l'écoute d'un morceau de musique, constitue la seule
porte permettant d'accéder à ce réel. Car il n'y a pas moins de réalité
dans ce que nous imaginons que dans ce que nous percevons.
En 1913, la parution du premier volume de la Recherche, publié à compte
d'auteur, suscite, au mieux, l'incompréhension, au pire, un florilège de
formules assassines et de violents réquisitoires où se mêlent
homophobie et antisémitisme. À ces détracteurs qui voient dans l'oeuvre
de Proust l'«imposture» d'un «cinglé», André Gide, qui refusa dans
un premier temps de le publier, répond chercher le défaut de ce style
sans pouvoir le trouver.
Débats