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Fille, femme, mère ou épouse, la femme musulmane intrigue et
représente un sujet de perpétuel questionnement. Les amalgames
et les aprioris sont nombreux en ce qui la concerne, et par voie de
conséquence, l'appréciation de l'islam s'effectue souvent par ce seul
prisme. S'intéresser à la répudiation musulmane, c'est s'intéresser à
la femme musulmane et à l'islam au sein du couple.
D'origine essentiellement religieuse, la répudiation est la rupture
unilatérale et discrétionnaire du mariage décidée par l'époux. En
droit musulman, elle permet au mari de mettre un terme à la relation
maritale sans avoir à se justifier. En France, cette institution est
critiquée et même rejetée tant elle paraît étrangère à la civilisation
européenne. Pourtant, à y regarder de plus près, la rupture
unilatérale et discrétionnaire du couple existe également en droit
français avec le divorce pour altération définitive du lien conjugal ou
la rupture unilatérale s'agissant du PACS et du concubinage. Alors
que la répudiation ne peut être mise en oeuvre que par l'homme,
les ruptures unilatérales résultant du droit français peuvent être
décidées par l'homme ou la femme. Toutefois, fondamentalement,
les effets sont les mêmes : l'un décide, l'autre subit.
Refuser de reconnaître l'existence de modes de ruptures unilatéraux
et discrétionnaires, c'est faire preuve de cécité. Sous couvert de
liberté individuelle, nombre de conjoints, de partenaires et de
concubins sont «répudiés» par la volonté d'un seul. Dans ce cas,
et comparativement, pourquoi les répudiations musulmanes sont-elles
si décriées ? Peut-on avoir une position critique à l'égard de
la répudiation musulmane lorsqu'il existe au sein même de son
dispositif législatif des modes de ruptures ayant une très forte
filiation avec la répudiation musulmane ?