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Au départ de ce livre, une indignation. Lorsqu'en 2015, les réfugiés du Proche-Orient se sont présentés aux portes de l'Europe, nous avons entendu, pour ne pas les accueillir, les mêmes arguments que ceux qui furent opposés, en son temps, au père de l'auteur.
Lui-même, fils d'un loueur de chevaux de Varsovie, avait fui la Pologne en 1916 pour échapper à l'enrôlement dans l'armée russe, l'Allemagne en 1933 pour échapper aux hordes nazies, Paris en 1940 pour échapper aux gendarmes français : une vie dans le siècle, pourchassé par les séides du tsar, d'Hitler et de Pétain.
Le père voulait être américain, mais n'y parvint pas. Le fils, découvrant à 46 ans qu'il était demeuré apatride aux yeux de la loi, tous ses efforts pour « faire un bon Français » - ENA, Légion d'honneur, élu local, conseiller d'Alain Juppé alors Premier ministre - ayant échoué devant un fonctionnaire de police de Boulogne-Billancourt au moment de renouveler sa carte d'identité, opte alors pour la double nationalité, française et américaine.
Guy Sorman raconte ici avec cocasserie les épisodes les plus marquants d une vie entre deux continents ; le plus américain des Français et le plus français des Américains n'est-il pas le mieux placé pour décrire de l'intérieur ce qui distingue profondément ces deux nations aux prétentions universalistes ? Ses portraits des grands de ce monde en « pompeux cornichons » réjouiront plus d'un lecteur !
