Read more
Si le renouveau de la paix royale dans la France médiévale
au XIIème siècle est un phénomène bien connu, son essor
aux XIIIème et XIVème siècles l'est beaucoup moins. La période
allant du règne de Philippe Auguste à celui de Charles le Bel
- 1180-1328 - est pourtant décisive. Durant celle-ci, à la
faveur d'un contexte très favorable à sa cause, la royauté
parvient à s'ériger en éminente pacificatrice de son royaume,
achevant de substituer la paix du roi à l'ancienne paix de
Dieu. Au cours de cette époque, la couronne s'efforce de
lutter contre trois méfaits considérés comme particulièrement
préjudiciables à la paix : les guerres entre les sujets, les
violences sur les chemins, et les associations illicites. Dans
le combat qu'ils engagent, les rois sont portés par la pensée
des ecclésiastiques, qui leur rappellent sans cesse que leur
devoir est d'oeuvrer pour la tranquillité du royaume. À partir
du milieu du XIIIème siècle, cette rhétorique des clercs, nourrie
par l'ancienne tradition carolingienne, est considérablement
confortée et enrichie par la renaissance aristotélicienne.
Inspirés par ces discours édifiants, les Capétiens s'efforcent
de réfréner les tumultes provoqués par les fauteurs de
guerre, les agresseurs qui méfont sur les chemins, et les
régnicoles qui se liguent. À cette fin, ils n'hésitent pas à
agir en législateurs : ils édictent de nombreuses lois, tantôt
locales et tantôt générales, qui condamnent avec fermeté
ces fauteurs de troubles. L'application de ces préceptes se
heurte à de fortes résistances, et la politique royale connaît de
réelles vicissitudes. Néanmoins, l'action menée par la royauté
renforce sa vocation souveraine et porte des fruits concrets.
Les actes de la pratique montrent que les serviteurs de la
couronne entreprennent de nombreuses actions, très souvent
diligentées ex officio, visant à sanctionner les malfaiteurs
ayant violé la légalité royale. Le volontarisme de la couronne
est particulièrement évident contre ceux qui livrent des
guerres, lesquels sont régulièrement condamnés pour leurs
entreprises devant la justice royale. En définitive, en déployant
ainsi tous leurs efforts, les Capétiens parviennent à instaurer
un ordre pacifique sur lequel sauront s'appuyer ensuite leurs
successeurs Valois.