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« Avec les mots, avec mes mots, je lui dis : bon, c'est ton tour, voilà. »
Ces mots, ce sont ceux d'un éleveur à sa vache avant le départ pour l'abattoir. Ce petit « voilà » recèle toute l'ampleur du problème et la lourdeur de ses conséquences. « Voilà ». Un adverbe apparemment anodin qui débouche sur une proposition : voir ce que l'on ne voit plus. Car avec l'industrialisation de l'élevage, l'abattage des animaux est devenu une opération invisible. Invisible pour le consommateur mais aussi, en grande partie, pour les éleveurs.
Parce que ce qu'ils entrevoient de l'abattoir les heurte profondément, de nombreux éleveurs revendiquent un droit de regard et un droit d'agir, notamment les éleveurs qui défendent une haute idée de leur métier, de leurs relations aux animaux et de leurs responsabilités. Contrairement au discours dominant qui condamne l'élevage, promeut une alimentation biotech et un détachement envers les animaux, ces éleveurs veulent pouvoir assumer la mort de leurs bêtes.
Témoigner, proposer, impliquer. C'est l'objectif de ce livre blanc. Parce que la présence des vaches, des cochons et des moutons nous importe et que nous sommes tous responsables de leur vie et de leur mort.
