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L'acte criminel noue les rapports entre le sujet et le social
sur un mode circulaire : c'est un produit du social qui en même
temps produit du social. Si l'acte dévoile les positions subjective
et psychopathologique du sujet, sa nature transgressive interpelle
tant l'imaginaire que le symbolique. En restituant sa dimension
signifiante dans la continuité de l'histoire d'un Sujet, l'acte criminel,
issu d'un registre pulsionnel pur, devient intelligible.
À travers l'examen de l'évolution de la représentation sociale du
«monstre anthropologique», inventé en référence aux lois de la
nature et aux normes socio-culturelles, nous montrerons en quoi
son homologue contemporain - l'étranger, le marginal, l'homme
jetable - est le produit d'un discours social qui identifie l'homme à
un déchet. Tandis que les figures actuelles du «monstre criminel»
- le fou dangereux, le toxicomane et le pédophile - font l'objet
d'un fantasme frankensteinien qui consiste à vouloir ressusciter
l'humanité du monstre en le rendant familier. Or, comme nous le
démontrons, les figures actuelles du monstre criminel mettent en
péril la réalisation d'un tel fantasme. Ces sujets ont en commun
une extrême résistance au changement et font par conséquent
l'objet d'un acharnement «thérapeutique».
Dénonçant les impasses thérapeutiques qui confondent le sujet
avec son acte, cet ouvrage est un plaidoyer pour une réintroduction
du sujet dans les soins pénalement ordonnés.