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Après avoir été le maître de l'Europe et fait trembler ses rois, Napoléon Ier
ne pouvait imaginer qu'en rétablissant Ferdinand VII sur le trône d'Espagne,
en 1814, il allait donner à la Prusse le moyen d'assumer la rancune qu'elle
tenait à l'égard de la France, depuis l'outrage subi à Iéna. Leipzig et Waterloo
n'avaient pas suffi pour laver l'affront de cette défaite. Pendant plusieurs décennies,
elle attendit l'occasion qui allait lui permettre de provoquer un casus
belli. La candidature du prince Léopold de Hohenzollern au trône d'Espagne
resté vacant lui en donna l'occasion. Ce nom avait déjà été prononcé au cours de
l'année qui précéda la guerre de 1870. Benedetti, ambassadeur à Berlin, avait
prévenu Paris qu'à deux reprises des émissaires espagnols avaient rencontré
M. de Bismarck pour négocier l'offre de la couronne d'Espagne au prince
Léopold. Ce choix, contraire aux intérêts de la France, ne pouvait déplaire à
Bismarck puisqu'il lui servit de prétexte pour mener sa politique expansionniste
et pousser Napoléon III à la faute. Oubliant les idées progressistes de sa
jeunesse et le discours qu'il fit à Bordeaux en proclamant l'Empire c'est la
paix, l'Empereur, influencé par son entourage fera le choix de la guerre contre
la Prusse.
Le courage des soldats de la ligne et les glorieuses charges du corps des
cuirassiers ne pourront compenser la faiblesse et les erreurs du haut commandement.
Si le désastre de Sedan entraîna l'abdication de Napoléon III, la capitulation
du camp retranché de Metz, qui allait suivre, sonna le glas du Second
Empire et les espoirs de régence du maréchal Bazaine. La paix sera finalement
signée avec la Prusse, mais l'inéluctable esprit de revanche qui avait animé
les vainqueurs passera dans le camp des vaincus. Même si Thiers obtiendra
du roi de Prusse que le Territoire de Belfort restât français, il ne pourra faire
oublier la perte de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine. Il faudra attendre
l'hécatombe de la Première Guerre mondiale pour qu'elles redeviennent provinces
françaises.