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Aujourd'hui le Marais est un secteur sauvegardé et jouit d'une forte
attractivité touristique et commerciale alors qu'il était au coeur d'un
Paris industrieux et populaire jusque dans les années 1980. Sa partie
sud, au bord de la Seine, est l'un des dix-sept îlots insalubres parisiens
délimités en 1920. Sous la dénomination «îlot 16», il focalise l'attention
des pouvoirs publics tout au long du XXe siècle. Son destin témoigne des
liens complexes entre la réputation d'insalubrité, la stigmatisation d'un
ghetto et la réflexion sur les conditions de préservation d'un quartier
de Paris.
Emblématique du Paris historique, il a suscité de nombreux programmes,
projets, débats et combats avant et après la décision de sa sauvegarde
au titre de la loi Malraux de 1962. Que sait-on de cette transformation
urbaine ? Comment et à quel rythme a-t-elle abouti au renouvellement
de la population ?
L'aménagement de l'îlot 16 a été bloqué, dans l'entre-deux-guerres,
par l'épineuse question du relogement et le coût des indemnités. Il est
brusquement réactivé en 1941 dans un Paris occupé : Vichy et la préfecture
de la Seine, profitant de la persécution antisémite exercée à partir
de 1940, lancent une opération édilitaire de grande ampleur, inédite
depuis les travaux d'Haussmann.
L'historienne Isabelle Backouche observe à la loupe cette transformation
urbaine à l'échelle de la capitale en réunissant tous les acteurs impliqués
(pouvoirs politiques, administration, architectes, propriétaires,
locataires, commerçants, associations, hommes de lettres et savants).
Au cours de ce voyage dans les archives, elle a mené une enquête sans
précédent. Sa proposition d'histoire aborde l'aménagement de la capitale
en mettant en valeur la diversité de ses temporalités, les expériences
de tous les Parisiens, du plus modeste au plus influent, et les résistances
qui ont accompagné la genèse du Paris du XXIe siècle.