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Donner la priorité au matériau : telle est l'injonction
à laquelle répond la présente tentative pour parler du
théâtre à Strasbourg à partir de pièces d'archives extraites
de fonds régionaux, présentées et reproduites dans
leur langue d'origine. Si l'année 1512 illustre (S. Brant)
l'irruption d'un jeu savant et populaire, la fondation du
Gymnase en 1538 est à l'origine de représentations où
prend forme, en allemand, une conscience patriotique
urbaine et luthérienne. Y répondent les spectacles latins
et allemands des établissements jésuites (Ensisheim,
Molsheim), soutenus par les Habsbourg puis repris en
main par la royauté française après 1681 qui transfère
dans la ville reconquise les modes d'expression du collège
Louis-le-Grand de Paris.
Avec le XVIIIe siècle se produit le passage des institutions
confessionnelles aux scènes professionnelles. Les Allemands,
accueillis aux Drapiers sur la base de contrats temporaires,
exercent en troupes itinérantes. L'activité des Français,
privilégiée, est établie dans la salle du Roßmarkt permanente
et indépendante du Magistrat. L'année séculaire 1781
montre que les rivalités ont abouti à un modus vivendi
fécond auquel la Révolution et l'Empire mettront un
terme. La singularité de Strasbourg comparée à des villes
comme Lyon ou Bordeaux et aux places militaires (Lille,
Besançon) s'impose avec une totale évidence, faisant
d'elle un lieu brillant d'échanges entre les répertoires
français et allemand.