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François Hollande ne se voyait pas en fossoyeur. Hélas, le
socialisme à la française, hanté par l'héritage communiste,
est mort, assassiné par la mondialisation de l'économie et
l'évolution de la société. D'ailleurs, Hollande lui-même a-t-il
jamais été socialiste ? Dès 1985, dans La gauche bouge,
il signait son acte de décès et proclamait l'avènement de
«la gauche nouvelle» - c'est-à-dire social-libérale.
Le président nous a menti, protestent les socialistes historiques.
Ils rappellent la promesse du Bourget - «mon adversaire,
la finance» - et instruisent son procès. Le candidat a menti,
c'est vrai - par omission. Il a peu promis, mais pas annoncé
franchement la couleur. Un grand malentendu s'est installé,
suivi d'invectives.
Enfin ! se réjouissent les partisans de la gauche nouvelle.
Le temps est fini du double langage : révolutionnaire dans
l'opposition, gestionnaire au pouvoir. À coups de pactes,
de réformes et de 49-3, la gauche française cajole les entreprises
en baissant leurs impôts, libéralise les transports, déverrouille
l'État. Si Manuel Valls et Emmanuel Macron semblent
en première ligne, l'inspirateur - ne nous y trompons pas -
est bien à l'Élysée.
Le propos de cet essai n'est pas d'établir avant terme le bilan
de l'actuel président. Il est de raconter pourquoi et comment
la gauche tourne avec François Hollande une page de son
histoire et de l'histoire de la France.