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La légende du cyclisme s'est construite sur les exploits de ses champions, mais
également grâce aux récits qui en ont été tirés. S'il est un sport où les mots se sont
mis au service de l'épopée, c'est bien le cyclisme. De nombreux écrivains ont ainsi
usé leur plume pour décrire la dimension romantique de la petite reine et le
combat homérique que l'Homme, armé d'une simple bicyclette, livre à la Nature,
qui dresse sur sa route les pentes les plus brutales, dans les conditions
météorologiques les plus cruelles.
«Le Tour de France est le meilleur exemple que nous ayons jamais rencontré d'un
mythe total [...], à la fois un mythe d'expression et un mythe de projection, réaliste et
utopique en même temps» Et Roland Barthes, auteur de cette réflexion (Mythologies,
1957) de renchérir quant à ce fait national fascinant, cette épopée, «moment fragile de
l'Histoire où l'homme, même maladroit», prévoit à sa façon «une adéquation parfaite
entre lui, la communauté et l'univers». Aucun doute, qu'il s'agisse d'Albert Londres,
d'Antoine Blondin ou de Roland Barthes, le cyclisme vibre sous la plume de
grands écrivains.
Quoi de plus naturel, dès lors, que de lui consacrer un dictionnaire, d'y
décortiquer son jargon fleuri - sorcière aux dents vertes, manger la luzerne, être dans
la mafia... - et d'y passer en revue, à l'aide d'anecdotes, les hommes et les lieux
qui ont donné sa chair au cyclisme. Où par exemple Eddy Merckx rencontre
Lucien Petit-Breton ou Louison Bobet, sur les lacets du Tourmalet, dans la touffeur
du mont Ventoux ou bien sur les pavés archaïque de la Trouée d'Arenberg.