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Apparu dans l'Antiquité grecque et, particulièrement, dans la
démocratie athénienne, reformulé et enrichi, après une longue éclipse,
à partir de la Renaissance et dans le mouvement des Lumières, le
projet d'autonomie, affirmait Cornelius Castoriadis il y a quarante
ans, est «une plante historique à la fois vivace et fragile». Ce constat
est, aujourd'hui encore, d'une puissante actualité. Des «révolutions
arabes» aux mobilisations turques, grecques, espagnoles ou même
états-uniennes, du «réveil indigène» en Amérique latine aux
expérimentations sociales menées dans les ZAD, on observe un
renouveau des résistances démocratiques au désordre établi du
capitalisme mondialisé. Face à cette vivacité renaissante, le projet
démocratique demeure fragile : l'emprise démultipliée de l'imaginaire
néolibéral, le fantasme de maîtrise illimitée porté par la technoscience,
mais aussi la montée des droites extrêmes et l'essor des intégrismes
religieux en témoignent sinistrement.
Au vu des risques contemporains qui planent sur le projet d'autonomie,
il importe plus que jamais de prêter attention aux processus qui
conduisent les sociétés à se dessaisir de leur capacité à se donner leurs
propres lois. Ce livre, qui prend le temps d'éclairer les principaux
concepts de la pensée de Castoriadis, s'appuie sur la grande fécondité
de ses travaux pour interroger les logiques multiples de domination
et d'aliénation qui travaillent nos sociétés. Il montre que celles-ci ne
pourront maintenir leur autonomie qu'à condition de désirer faire de
son exercice collectif le fondement permanent de leur ordre politique.