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Nombreux sont les ouvrages et les travaux sur la littérature
marocaine de langue française. Ils sont souvent l'oeuvre de critiques,
d'universitaires et de journalistes de différentes tendances et obédiences.
Avec ces Portraits d'écrivains marocains de langue française
que nous propose BelKassem Belouchi, nous avons affaire à un nouveau
regard sur cette littérature : celui d'un médecin. Le fait est si rare
et singulier qu'il mérite d'être souligné.
Mais il importe de préciser qu'en la matière, Belouchi n'est ni un
néophyte ni un visiteur incongru dans le domaine des arts et des lettres.
Il a à son actif plusieurs essais sur des questions de politique nationale
et internationale, ainsi que des ouvrages à caractère culturel et littéraire,
dont notamment Galerie de portraits qui est dédié à un certain nombre
d'artistes, d'intellectuels, de politiques du pays. On lui doit aussi un
beau roman, Rapt de voix, consacré à la figure de l'auteur (à travers
l'exemple fictionnalisé de Tahar Ben Jelloun) où il soulève d'importantes
problématiques sur écriture et engagement, liberté d'expression et censure
sociale, oeuvre littéraire et enjeux de la représentation de soi et de
l'autre. C'est un récit de vie et témoignage délégué... donc d'un double
lieu (interne et externe) que Belouchi aborde ici la littérature marocaine
de langue française. Il le fait selon la démarche du médecin qu'il est en
se basant sur un check up quasi systématique avant de passer à l'analyse
et à l'évaluation des textes. Mais travaillant sur des textes, il se permet
de mettre au placard son serment d'Hippocrate pour révéler au grand
jour les limites et les dérives de tel ou tel auteur : un positionnement
idéologique déplacé, un style émaillé de clichés, une langue désuète ou
un imaginaire vermoulu. Son seul souci n'est autre que de pointer les
véritables choix qui président à l'écriture des auteurs, en essayant de
souligner la force de frappe de tout un chacun et la place qu'il veut occuper
dans le champ littéraire et social.