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15 mars 1917, Nicolas II abdique : le tsarisme s'effondre.
Le gouvernement provisoire, qui le remplace, est balayé huit mois
plus tard par la révolution d'Octobre. Ainsi commence l'épopée des
Russes blancs.
Un million et demi, deux millions peut-être, de monarchistes et de
socialistes révolutionnaires, d'aristocrates, d'officiers et de jeunes
lycéens, se retrouvent exilés dans une «Russie hors frontières».
Leur épopée se déroule en trois temps. Trois temps qui sont autant
d'interrogations.
Faut-il partir ? Trois ans durant, les Russes blancs devenus «ennemis
du peuple» espèrent la défaite du bolchevisme. Pendant que
certains, parfois très jeunes, combattent dans les armées blanches,
d'autres quittent la fournaise pour, croient-ils, mieux revenir.
Mais comment revenir ? La dernière armée blanche est vaincue fin
1920. 150 000 Russes blancs vivent alors à Constantinople. Ils sont
aussi, par dizaines ou centaines de milliers, en Mandchourie, à
Berlin, dans les Balkans. Beaucoup veulent, plus que jamais, en
découdre avec les «Rouges». Ils comptent sur l'Europe pour les
aider, une Europe épuisée par la Première Guerre mondiale qui les
regarde avec curiosité ou indifférence.
Reste alors à vivre. La reconnaissance de l'URSS, en 1924, par
la plupart des capitales occidentales scelle le destin de toute une
communauté. «Étrangers sur la terre», apatrides, déclassés,
décidés à ne jamais renoncer, les Russes blancs s'enfoncent dans
l'ombre de l'histoire.