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L'ouvrage
La diplomatie remplit une mission déterminante de légitimation au service du pouvoir : voilà
une déclaration qui ferait sourire plus d'un de nos contemporains... L'histoire de la diplomatie
entre les Pays-Bas et les Etats du Saint Empire témoigne de l'existence d'un discours
idéologique adapté aux circonstances, principalement en temps de troubles.
De volumineuses correspondances diplomatiques s'échangent au 16e siècle entre Madrid,
Bruxelles et les princes territoriaux des Allemagnes, «triangle diplomatique» dont les
fondements sont définis et les acteurs passés en revue. Les «lettres de courtoisie» visent
à préserver les rapports de bon voisinage, de même que les échanges de nouvelles, d'une
importance primordiale à cette époque de grande insécurité. Quant aux intercessions
princières pour des sujets mécontents, autre exemple de la diplomatie au jour le jour, elles
renvoient à des litiges commerciaux ou financiers susceptibles de nuire à l'entente mutuelle
et d'entamer la prospérité générale. Les questions d'ordre militaire que soulève le recrutement
de troupes de mercenaires sous les ordres de pensionnaires royaux figurent aussi
parmi les grands leitmotiv des correspondances entre les Pays-Bas espagnols et le Saint
Empire.
Les interactions du Roi catholique Philippe II et de ses représentants à Bruxelles avec les
princes allemands les plus influents, catholiques et protestants, sont étudiées devant la toile
de fond de la confessionnalisation à l'échelle européenne. La Révolte des Pays-Bas a
évidemment laissé de nombreuses traces dans les courriers diplomatiques, de la crise
iconoclaste de l'été 1566 à l'échec des pourparlers de Cologne de 1579, en passant par
l'exécution d'Egmont et de Hornes, les affrontements armés entre le duc d'Albe et Guillaume
d'Orange ou la lutte contre les Gueux de mer. Dans ce contexte d'exception, la diplomatie
sert encore davantage que dans ses formes quotidiennes les intérêts du pouvoir
monarchique.