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Instable, imprévisible, le météore hante les savoirs et les représentations en
Occident depuis l'Antiquité. Chez Aristote, la notion de météore désignait les
phénomènes aériens (vents, trombes, etc.), aqueux (rosée, brouillard, pluie,
neige, etc.), lumineux (arcs-en-ciel, aurores boréales, etc.) et enflammés
(tonnerre, tremblements de terre, feux-follets, etc.) «suspendus» entre
la surface du sol et la limite inférieure des espaces célestes. L'usage de ces
catégories perdurera jusqu'à l'âge moderne, où il coexistera avec des formes et
des configurations conceptuelles inédites.
Il n'empêche que l'époque moderne, pas plus que l'Antiquité, n'a de véritable
savoir du météore. Ainsi la figure du météore a-t-elle cristallisé, sur une
très longue période, les interrogations et les inquiétudes liées aux désordres
du monde. En ce sens, on peut considérer le «météore» comme une figure
privilégiée investie de préoccupations concernant la singularité du contingent
et l'imprévisibilité de l'aléatoire dans des domaines aussi divers que la science,
la religion, la politique et les arts.
Le présent ouvrage se propose d'appréhender collectivement le météore comme
modèle qu'ont investi les savoirs et les représentations de l'époque renaissante
aux Lumières, d'étudier les formes diverses qu'il a pu revêtir, de mettre au jour
les contextes qui les ont vues surgir et d'en expliciter les enjeux.