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Les villes romaines possédaient une grande diversité d'aménagements
hydrauliques desservis par des adductions et reliés à un réseau d'égouts. Ces
structures, longtemps dépréciées - excepté les plus prestigieuses -, sont désormais
mieux prises en compte par les chercheurs. Le présent ouvrage franchit une
nouvelle étape en offrant pour la première fois une vision globale de la maîtrise de
l'eau dans un espace urbain déterminé.
La ville de Nîmes doit son origine à la présence d'une source jaillissant autrefois
dans un environnement remarquable. Cette exsurgence fut l'objet d'un culte au
dieu topique Nemausus, aux ancêtres et aux Mères. Dans le sanctuaire qui a été
établi en ce lieu, la gestion de l'eau a joué un rôle essentiel dans la scénographie
mise en oeuvre autour d'un espace désormais interprété comme un lacus
architecturé, tout en contribuant à la mise en place d'une première adduction. Par
ailleurs, si les investigations menées n'ont pas permis de retrouver de nombreuses
citernes, en revanche, il a été recensé un grand nombre de puits dont l'usage s'est
poursuivi sans interruption du fait de la présence d'une nappe phréatique peu
profonde.
Confirmant et précisant des études antérieures, l'auteur a pu établir que, vers le
milieu du Ier s. apr. J.-C., un accroissement des ressources a été rendu possible
grâce à un aqueduc venant d'Uzès. Un second, plus énigmatique et circulant en
plaine, se dirigeait paradoxalement vers la campagne. L'eau des adductions était
distribuée par un réseau composé majoritairement de tuyaux de plomb normés
dont il a été retrouvé plus de traces que ne le laissaient supposer les modestes
vestiges conservés dans le musée archéologique de la ville ou les découvertes
issues des fouilles récentes. Des thermes, dont l'apparition pourrait être
contemporaine de l'Augusteum, des fontaines et des bassins, notamment,
fonctionnaient grâce à ce réseau.
Enfin, pour assurer l'assainissement des habitats des hauteurs comme ceux de
plaine, les hydrauliciens romains ont dû répartir judicieusement les eaux usées et
de ruissellement afin d'éviter l'engorgement des canalisations. Ils y sont parvenus
efficacement en constituant des «bassins d'égout» et en augmentant le gabarit des
grands collecteurs. Les mêmes préceptes ont été adoptés avec succès pour la
réalisation du réseau d'égouts de l'amphithéâtre flavien, qui est un modèle du
genre.