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Tout juste sorti d'un «centre» mystérieux, Lodi, le héros du
deuxième roman de Gérard Doulsan, échoue à Hurlu, village
perdu des bords de l'Argonne, une rivière imaginaire qui
pourrait couler entre Vexin français et pays de Thelle. Nous
sommes en juin 1957, à l'heure où fait rage la guerre d'Algérie,
au lendemain du massacre de Melouza, un douar kabyle
martyrisé par les maquisards du FLN. En «métropole» aussi
s'affrontent durement les commandos de choc du Mouvement
national algérien de Messali Hadj, prophète peu à peu désarmé
de la libération nationale, et les hommes du FLN.
C'est à Hurlu que Lodi rencontre une galerie de personnages
pour le moins marquants. Outre Lecomte, fermier du cru qui
embauche Lodi, apparaissent au fil des pages de nombreuses
figures, dont celle de Tahar, ouvrier algérien fervent partisan
de Messali. Mais aussi Adrienne et Coco, deux des figures
féminines du roman, Petit-Rat et Nina, des enfants du village,
Alex le cafetier, ou encore Essaïd, dirigeant du MNA pour le
nord de la France...
À travers les descriptions empreintes de poésie de ce village et
des rives de l'Argonne, comme du Quartier latin de
l'époque, Gérard Doulsan magnifie dans un style sobre et
efficace cet univers disparu mais qui, par bien des aspects,
reste proche de nous.
Partagé comme Lodi entre repli sur soi ou participation au
monde qui nous entoure, le lecteur trouvera dans ce récit fier,
obstiné et «taiseux», à l'image des lignées mi-paysannes
mi-ouvrières qu'il évoque, un guide fidèle entre tous pour
aborder sans entrave le monde si complexe d'Hurlu, qui est
aussi un peu le nôtre.