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La guerre française en Algérie (1954-1962) et la guerre américaine au
Viêt-nam (1964-1975) ont laissé des séquelles profondes dans l'histoire
contemporaine. Elles ont causé la mort de 30 000 soldats français, de
59 000 soldats américains, de près de 400 000 Algériens, et de 1,7 million
de Vietnamiens. Elles ont provoqué la chute de la IVe République en
France, la démission de Richard Nixon aux États-Unis, et l'accession à
l'indépendance de deux grands pays du tiers monde. Et entraîné des
déplacements massifs de populations.
Au-delà de leurs dissemblances, ces deux guerres présentent un
étrange point commun : elles n'ont jamais été déclarées officiellement.
Dans les deux cas, la mémoire de ces conflits dans les deux sociétés,
française et américaine, en a été profondément affectée. Benjamin
Stora propose dans ce livre une ambitieuse comparaison de la façon
dont l'imaginaire de la guerre s'est construit en France et aux États-Unis,
pendant les conflits eux-mêmes, et après. Il s'appuie pour ce faire
sur l'étude des dizaines de films et des milliers d'ouvrages consacrés à
ces guerres de part et d'autre de l'Atlantique, mais aussi sur celle de
documents inédits retrouvés dans les archives vietnamiennes.
Il montre ainsi comment se sont construites des images distordues des
deux guerres pendant qu'elles se déroulaient et explique comment ces
historiens ont ensuite conduit à l'oubli des conséquences de la guerre.
Un livre d'histoire original, qui est aussi une réflexion profonde sur le
rôle des images et des écrits dans les sociétés modernes.
«Dans des pages remarquables, l'historien montre comment l'extrême
violence des images [des films américains sur le Viêt-nam], le bombardement
émotif auquel est soumis le spectateur ont pour effet de nier la
réalité de la guerre pour la transmuer en imaginaire de l'enfer, du chaos, de
l'apocalypse, de l'engloutissement universel.»
Le Monde