Read more
Est-il moralement acceptable de transmettre aux
générations futures des déchets nucléaires ou
une biodiversité réduite à une peau de chagrin ?
Les personnes futures sauraient-elles être titulaires
de droits alors qu'elles n'existent pas ?
Est-il juste de revoir à la baisse le montant des
retraites pour lesquelles des pensionnés ont
cotisé toute leur vie ou de transférer aux générations
à venir une dette publique considérable ?
Chacune de ces questions a trait à différents
domaines de notre existence. Pourtant, un fil
rouge les relie : celui de la justice entre les
générations. Brûlantes d'actualité, ces interrogations
se voient bien souvent offrir pour seule
réponse le dénuement relatif de nos théories.
Ainsi, des concepts comme ceux de «droit
acquis» en matière de pensions ou de «développement
durable» ne sauraient faire office
d'arguments s'ils ne s'appuient pas sur un solide
arrière-fond théorique issu de la philosophie
morale et politique. Car l'économie publique
ou la biologie des populations ne peuvent suffire
à aiguiller les citoyens et leurs représentants
sur les choix qui leur incombent en matière
intergénérationnelle. La philosophie a aussi son
rôle à jouer, à la condition qu'elle ait la modestie
d'être à l'écoute d'autres disciplines, l'exigence
d'articuler clairement ses présupposés, et le
courage de se frotter à la pratique.