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Au moment où l'Éducation nationale se préoccupe d'introduire l'enseignement
du fait religieux à l'école, où le ministère de l'Intérieur
tente de donner un statut officiel à l'islam et où des voix s'élèvent
pour préconiser la modification de la loi de 1905, nous commémorons
le centenaire de trois mesures qui ont profondément affecté
les liens entre l'Église et l'État en France : la loi de 1901 sur les associations,
la sécularisation et l'exil des congrégations [1902-1903] et la
loi de séparation en 1905.
On sait moins que cette offensive laïque, mise en oeuvre par Pierre
Waldeck-Rousseau puis Émile Combes, va déclencher une guerre
scolaire qui, aujourd'hui, n'est pas tout à fait apaisée. Ainsi font système
les trois substantifs du titre de cet ouvrage, comme trois phases
d'une même réalité : la redistribution imposée des domaines du
temporel et du spirituel.
Ces événements furent l'occasion pour les catholiques, jusque-là très
divisés sur la question scolaire, de s'interroger sur l'école confessionnelle
et l'école laïque et de tenter d'infléchir leur évolution et leur
fonctionnement selon des schémas soit conservateurs, soit libéraux,
soit explicitement catholiques, au moyen d'une foule de ligues, associations,
comités, syndicats, avec lesquels l'État comme l'Église durent
compter, et dont l'histoire n'avait pas encore été abordée systématiquement.
Quant aux congréganistes sécularisés, ex-soeurs et ex-frères, ils formeront
le gros des troupes de la reconstruction d'une école catholique,
certains en auxiliaires zélés d'un clergé impérieux, d'autres en
tant que citoyens et professionnels désireux de concilier, sur de nouvelles
bases, fidélité religieuse et condition laïque. À côté d'autres
courants contemporains comme l'Association catholique de la jeunesse
française [ACJF] ou le Sillon, ils réaliseront, à leur niveau, la
réintégration du catholicisme dans la société.