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Balzac (1799-1850) n'est pas seulement le génial créateur de La Comédie humaine. Entre sa vingtième et sa trentième année, avide de gloire et d'argent, il s'est essayé au théâtre, au roman philosophique et, pour le plus grand plaisir de ses contemporains et pour le nôtre, au roman populaire, quelquefois écrit en collaboration et signé de différents pseudonymes. Devenu célèbre plus tard sous le nom d'Honoré de Balzac, il n'a pas pour autant renié ce qu'il appelait lui-même parfois des «cochonneries littéraires». Il les a même rééditées, sans en oublier aucune, en 1836, sous la signature transparente pour tous, d'Horace de Saint-Aubin.
Très libre d'inspiration, la deuxième série de ces romans populaires s'inscrit avec La Dernière fée, dans la tradition du conte fantastique à la manière des Mille et Une Nuits et dans celle du roman passionnel, inspiré de Rousseau et de Chateaubriand, avec Le Vicaire des Ardennes, Annette et le Criminel et Wann-Chlore. Le Balzac romantique l'emporte encore, et de loin, sur le Balzac réaliste. Ce qui caractérise les héros et les héroïnes de ces aventures souvent rocambolesques, c'est leur extraordinaire énergie ; ils poursuivent leurs desseins, en bien ou en mal, avec un sens de l'excès qui n'a d'égal que leur besoin de révolte. Rien d'étonnant, donc, que le jeune auteur eut maille à partir avec les censeurs de l'époque. Pour le lecteur d'aujourd'hui, ces textes, réédités ici pour la première fois au complet, révèlent un Balzac d'une juvénile ardeur, racontant à bride abattue des histoires à nous faire perdre haleine.
Robert Kopp
