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«Nous marchons dans les ténèbres, avec les mains liées derrière le dos afin de ne pouvoir éviter les coups», écrivait Francesco Guicciardini à son ami Machiavel, le 7 août 1525. Ecrire l'Histoire d'Italie fut une façon d'essayer, au moins, de comprendre d'où venaient les coups reçus. Le moment historique décrit par l'historien florentin fut une période de bouleversements intenses pour l'Italie, que se disputèrent pendant quarante ans les grandes monarchies nationales : le «voyage de Naples» de Charles VIII, la victoire de Louis XII face aux troupes vénitiennes à Agnadel ; les guerres dans le royaume de Naples entre Français et Espagnols, où s'illustra Bayard, les victoires du Roi-Chevalier, François Ier, puis sa terrible défaite face aux troupes de Charles Quint à Pavie, le sac de Rome... Les événements et les personnages célèbres que nous croyons connaître, car ils font partie de l'histoire de France, trouvent ici un sens neuf et tragique. L'Italie est la proie d'«oiseaux rapaces» qui déchirent ses entrailles, et l'auteur veut faire comprendre la raison de l'échec des Italiens face aux gens d'autre-monts : sans complaisance, avec lucidité et acuité, il décrit les événements, trace les portraits des personnages, analyse les rapports de force, rend compte de la «qualité des temps» et de celle des hommes.
Jean-Claude Zancarini
