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L'affaire Vanneste est une affaire d'État.
Elle doit être qualifiée ainsi dans la mesure où elle atteint en
profondeur les fondements de la démocratie : liberté d'opinion
et son corollaire, liberté d'expression.
Elle n'intéresse pourtant que peu de monde : l'ébranlement
de la société qu'elle génère se produit dans l'indifférence
majoritaire.
La France pense être un pays de liberté. Derrière l'apparence
flatteuse, est-ce encore vraiment la réalité ? Ou bien
serions-nous devenus, sans nous en apercevoir, un peuple de
rhumatisants... dans l'ordre de la pensée ?
Pour nous en rendre compte, revisiter l'affaire Vanneste sera
un petit test d'effort, un parcours de santé, une occasion de
nous dégourdir les jambes et les méninges, tant il est vrai que,
selon le bon mot d'un hebdomadaire satirique paraissant le
mercredi, «la liberté ne s'use que si on ne s'en sert pas» !
«À force de dire par la loi où est la vérité, ceux qui espéraient pouvoir la découvrir
par un effort intellectuel se sentiront non seulement dispensés, mais encore
mal venus à poursuivre leur chemin. En bannissant les mots, on croit à tort
éteindre les pensées. La perspective d'un peuple sous barbituriques n'est qu'une
illusion de paix et de concorde. La cohorte de ceux qui ploient aujourd'hui sous
les lois mémorielles et porteuses d'une image définitive de l'histoire, risque de
s'habituer à ce qu'on lui montre où est le vrai. Les penseurs et les philosophes
sont accoutumés à dire non. N'en éteignons pas la race...»
Jean-Yves Le Borgne
Avocat au Barreau de Paris
Président de l'Association des Avocats Pénalistes