Read more
Au cours du XXe siècle, un modèle social s'est imposé
en France au prix de luttes parfois dures et longues.
Beaucoup d'intelligence et de pugnacité ont été
nécessaires pour penser et mettre en oeuvre une
architecture pertinente, à la hauteur des enjeux.
Celle-ci repose notamment sur quatre principaux
registres interdépendants : les droits, les institutions,
les savoirs et les actes de métier.
Or les politiques mises en oeuvre ces dernières
années opèrent une dislocation de ces différents
registres, au nom du pragmatisme, de l'individualisation
ou de la performance. En outre, la recherche
effrénée d'économies s'accompagne d'un lot de
publicités mensongères (qualité, libre choix, droit
opposable...). Un intense travail de remise en cause
des représentations du social et des valeurs de
solidarité est passé par là, contribuant à affaiblir
les pratiques de terrain et la culture politique propres
au champ social, malgré la remontée préoccupante
des inégalités. Comment y résister collectivement ?
Poursuivant la réflexion entamée dans Trop de
gestion tue le social (La Découverte, nouvelle éd.
2010), Michel Chauvière montre ici que notre héritage
juridique, institutionnel, cognitif et professionnel, loin
d'être la cause d'inutiles dépenses publiques et d'un
assistanat chronique, constitue au contraire une
ressource incontournable pour apporter une réponse
solidaire et globale à la question sociale qui nous
interpelle tous.