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À quelques exceptions près, les relations entre l'Église catholique
et le monde carcéral en France au XXe siècle ont été très peu analysées
sur le plan historique. Le but de cette étude est de combler
ce vide. Les catholiques français se sont montrés très présents
dans l'univers des prisons durant le siècle dernier. Cet engagement
auprès des prisonniers a été globalement inspiré par les discours
et par les réflexions des papes du XXe siècle sur la question
carcérale, tout spécialement ceux et celles de Paul VI et de Jean-Paul
II. Les évêques français, quant à eux, ne se sont préoccupés
collectivement de la réalité des prisons qu'à partir des années
1970.
La présence de l'Église dans les prisons s'est aussi traduite par le
ministère des aumôniers. Leur action s'est renforcée après la
réforme pénitentiaire mise en place après 1945 par Paul Amor, à
laquelle ont participé étroitement des magistrats catholiques. Des
aumôniers ont eu un rayonnement certain sur les détenus qu'ils
accompagnaient, à l'image de prêtres séculiers comme les pères
Popot, Clavier et Darcy, ou religieux comme les pères Mouren et
Brandicourt, jésuites, ou les pères Devoyod et Maillard, dominicains.
C'est en 1945, sous l'impulsion de l'abbé Rodhain, que naît
l'Aumônerie générale des prisons, qui a permis de centraliser
l'action des aumôniers engagés auprès des détenus. Pour alimenter
leurs réflexions sur le monde carcéral, il organise, avec Céline
Lhotte et le Secours catholique, des congrès nationaux des prisons.
En dehors des aumôniers, l'engagement des catholiques
s'est concrétisé par la fondation de diverses associations en milieu
carcéral comme l'OVDP (OEuvre de la visite aux détenus en prison),
le Secours catholique, le Courrier de Bovet, Auxilia ou le Bon
Larron. Seulement tolérées par l'administration pénitentiaire, elles
ont joué un rôle déterminant dans le fonctionnement des prisons
françaises. Enfin, cette période a été marquée par les conversions
exceptionnelles de certains détenus : Jacques Fesch, exécuté en
1957, Jacky van Thuyne, ancien ennemi public numéro un ou
Danielle Huèges, entre autres. Durant tout le XXe siècle, le christianisme
est resté une référence majeure dans l'univers carcéral en
mettant l'accent sur le pardon : un acte personnel fort pour
retrouver la paix en soi et avec la société.