Read more
Le 15 avril 2008, trois cents travailleurs sans
papiers se mettent en grève et occupent leurs
entreprises, en région parisienne. Ils seront bientôt
des milliers. Ce mouvement est inédit : il lie un
mode d'action traditionnel du mouvement ouvrier,
une grève avec occupation des lieux de travail, à
la revendication centrale de la lutte des sans-papiers,
la régularisation. S'ouvrent alors deux
années de lutte, tantôt souterraine, tantôt médiatisée,
dont ce livre retrace l'histoire de façon très
vivante.
Ces grèves révèlent que des pans entiers de
l'économie (construction, nettoyage, restauration,
confection, aide à la personne...), des petites
aux grandes entreprises, du traiteur du coin aux
familiers du pouvoir, de l'intérim aux ministères,
reposent sur le recours à une main-d'oeuvre qui,
privée de titre de séjour, devient la proie et l'instrument
du dumping social. En contestant cette
situation, des milliers de grévistes sans papiers
ont pointé les contradictions de la politique
de l'«immigration choisie» promue par Nicolas
Sarkozy.
Fruit d'une enquête collective, réalisé à partir
d'observations directes (sur des piquets de grève,
lors de manifestations, réunions, assemblées
générales de grévistes...), de la collecte d'archives
(tracts, dossiers de grévistes, protocoles de fin de
conflit, circulaires ou notes des ministères), mais
aussi d'une centaine d'entretiens avec des grévistes,
des syndicalistes ou associatifs soutenant
ou encadrant le mouvement, des employeurs,
des agents de l'État à un niveau local et national,
ce livre raconte au plus près les péripéties de ce
mouvement, et en analyse les enjeux économiques,
syndicaux et politiques.