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Des violences domestiques dans le monde à la persécution des
femmes pendant les guerres ou à leur statut sous-humain
dans certaines sociétés, il y a un continuum, transnational, lié
aux rapports de genre entre hommes et femmes. Rares sont
celles qui peuvent fuir ces persécutions genrées des femmes en
trouvant refuge à l'étranger et elles se heurtent alors au rejet
généralisé des demandes d'asile et aux multiples dénégations de
leur sort.
Les victimes sont ainsi affectées d'une triple illégitimité, socialement
construite, qui maintient une chape de silence et entretient
les dénégations du phénomène : celle qu'opposent les sociétés
d'origine aux déviantes ou simplement à la reconnaissance de ce
type de faits ; celle qu'opposent les sociétés d'accueil aux réfugiés
en général et à la reconnaissance de ce type de persécution
en particulier ; celle intériorisée par les victimes qui craignent
souvent d'exprimer leurs motifs réels de départ et les masquent
derrière d'autres motifs perçus par elles-mêmes comme plus
légitimes ou simplement plus faciles à exprimer.
Le présent ouvrage, produit de plusieurs années de recherches
et de débats dans le cadre du réseau scientifique TERRA, montre
qu'une vaste partie de l'humanité est exposée à ces persécutions
que l'anthropologie relie aux rapports de genre ainsi
qu'au phénomène de l'exil, et la sociologie politique à la faiblesse
mondiale de la défense des femmes face aux idéologies
traditionnelles et à l'inertie des institutions publiques.