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Seconde Médicis à avoir exercé la régence en France, appelée mère
de l'Europe pour les six enfants, dont quatre souverains, qu'elle
eut d'Henri IV, elle a laissé dans l'histoire deux souvenirs forts :
un mauvais, pour avoir scandaleusement enrichi ses favoris italiens,
les Concini ; un bon, comme mécène, pour avoir introduit à la cour
de France les techniques florentines du ballet et de l'opéra, financé
les peintres les plus prestigieux, Rubens, Van Dyck, Pourbus, et fait
bâtir le palais du Luxembourg.
Sa vie fut plus mouvementée que celle d'aucune autre reine de France.
Elle connut le luxe, la puissance, mais aussi les humiliations de la femme
trompée publiquement, l'assassinat de l'époux aimé malgré tout
et une chute dramatique, après sept ans de pouvoir. Evadée à deux
reprises des résidences surveillées où l'avaient conduite ses rébellions
contre son fils Louis XIII, elle finit en exil, dans la solitude et le dénuement,
indignement persécutée par celui qu'elle avait su découvrir
et imposer, le cardinal de Richelieu.
Si elle gouverna avec le goût de l'intrigue et aussi la prodigalité de ses
ancêtres Médicis, ce fut sans leur cruauté ; et elle sut, à travers les pires
écueils, maintenir la paix civile et transmettre la couronne intacte en
de plus fortes mains que les siennes. Personne ne l'a mieux justifiée
qu'elle-même lorsqu'elle disait : «J'ai préféré verser l'or plutôt que
le sang.»