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Le roman policier français, perdu dans les méandres du
roman-problème, tentait de retrouver un second souffle grâce à
l'entrée tonitruante de la «Série noire», en adoptant son rythme
épileptique. Il y avait mieux à faire. Amateurs de littérature
fantastique, nous avons eu envie d'intégrer les thèmes du fantastique
dans le policier, en faisant intervenir des faits mystérieux qui ne
trouveraient une explication rationnelle qu'à la fin de l'histoire.
Le héros de celle-ci était, presque sans exception, le détective :
un personnage omniscient découvrant le criminel au terme d'une
enquête rituelle. Le personnage et le procédé nous semblaient
éculés. Nous avons voulu écrire des romans du point de vue de
la victime qui, habituellement, est tuée depuis le début.
Ainsi notre premier livre, Celle qui n'était plus, raconte l'histoire
d'un homme qui noie sa femme mais n'en est pas débarrassé pour
autant. Son corps disparaît et elle semble revenir : fantastique,
donc. Et l'assassin devient victime traquée par la morte. Le lecteur
a marché tout de suite : contrairement aux aventures de policiers
d'opérette, il pouvait s'identifier à nos personnages. Au criminel
comme à la victime, parce qu'il pourrait être l'un ou l'autre. Il
suffirait d'une petite faille dans sa vie, d'un petit accident. Qui
en est complètement à l'abri ?
Boileau-Narcejac