Read more
Professeure de philosophie, l'auteure de ce livre a été
confrontée comme nombre d'enseignants à une
forte incitation émanant de l'Éducation nationale :
celle d'évaluer systématiquement les «compétences
acquises» par les élèves, sur des critères préétablis.
Frappée par l'utilitarisme de cette méthode, elle a
voulu en savoir plus sur son origine. À sa grande
surprise, elle a découvert l'omniprésence de l'«approche
par compétences» dans l'éducation : depuis les
années 1980, celle-ci est de plus en plus utilisée,
dans les pays du Nord comme du Sud, de la maternelle
à l'université, pour l'évaluation personnelle des
élèves comme pour celle des systèmes éducatifs
nationaux. Ce qui l'a amenée à explorer un univers
méconnu : celui du «marché des compétences»,
fondé sur la théorie du «capital humain», promue par
des institutions internationales comme l'OCDE et
l'Unesco.
Ce livre restitue l'enquête conduisant à ces
découvertes, la prolongeant par un double questionnement.
Si l'approche par «compétences» progresse
dans les systèmes éducatifs grâce à l'ignorance de
ce qu'elle recouvre, les enseignants n'en sont-ils
pas les instruments inconscients ? Mais comment
s'opposer à une approche qui se place au service de
l'individu et de son «employabilité», même si elle
opère ainsi la transformation de l'Éducation nationale
en «fabrique de ressources humaines» ? S'appuyant
sur l'analyse de pratiques concrètes d'enseignement,
Angélique del Rey explore les voies d'une «autre
école» qui, plutôt que d'armer les élèves pour une
«vie moderne» standardisée, assume les défis de la
situation.
Elle plaide pour qu'enseignants et parents encouragent,
par leur éducation, les jeunes à «suivre leur
chemin», quitte à les mettre en conflit avec les principes
utilitaristes qui prévalent. C'est le prix pour
que ceux-ci sachent demain s'épanouir dans le
monde et le transformer.