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Lucien Febvre (1878-1956) compte parmi les plus grands historiens
du XXe siècle. Dès le début des années 1920, il caresse l'idée d'une
revue dont l'ambition se situe très loin de l'histoire diplomatique,
factuelle ou événementielle alors à l'honneur. Il imagine une
histoire fédérant les sciences sociales et dégagée de toute allégeance
à une cause. Ce projet, il le réalisera en collaboration avec Marc
Bloch, créant en 1929 les Annales d'histoire économique et sociale
d'où jaillira une école historique. Visionnaire, Lucien Febvre
invite ses disciples à entreprendre des chantiers inédits : histoire
de l'alimentation, de la mort, de l'amour... Titulaire de la chaire
d'histoire de la civilisation moderne au Collège de France
(1933-1949), concepteur et directeur de l'Encyclopédie française
(onze volumes publiés entre 1934 et 1940), il laisse une oeuvre
féconde, livres, articles, comptes rendus de lecture, correspondance.
S'inscrivant dans la lignée de Michelet, proche de lui par sa
sensibilité, son habileté à écrire et décrire l'histoire, Lucien
Febvre avait certes des spécialités, la Franche-Comté, terre de
ses ancêtres, et l'histoire religieuse au XVIe siècle, mais son
érudition allait bien au-delà. Prodigieuse, elle illumine chaque
page de ce livre où il commente sans concession les oeuvres
d'une galerie d'auteurs, de Camille Jullian à Fernand Braudel en
passant par Henri Pirenne, Marc Bloch, Arnold Toynbee et
beaucoup d'autres. Un livre vivant, éblouissant, à l'image de
Lucien Febvre à propos duquel Léon Werth, son voisin à Saint-Amour,
écrivait : «Je l'ai vu extraire de vieilles pierres, la vie.»