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Le tabagisme, cette habitude aussi contraignante qu'un rite
obsessionnel ou qu'un tic, présente cette singularité de n'être
jamais invoqué pour entreprendre une psychanalyse, et de
ne pas mobiliser, dans la cure d'un fumeur, une verbalisation
en rapport avec la place qu'il occupe dans sa vie. Freud
le premier, gravement atteint, a tenu son cigare jusqu'à
la mort sans presque jamais en parler.
Pour explorer ce phénomène si particulier, à la fois peu
bavard et très «parlant», Odile Lesourne a développé une
méthodologie originale consistant à soumettre des enquêtes
psychosociologiques à une interprétation psychanalytique.
Cette approche lui a permis de découvrir et d'analyser en
profondeur les innombrables facettes de la symbolisation
à l'oeuvre dans le tabagisme, le rapport très particulier
qu'entretiennent masochisme et auto-érotisme chez le grand
fumeur, l'importance et le sens de toute la gestualité attachée
au fait de fumer, une gestualité qui asservit à la cigarette bien
plus que l'inhalation. L'étude du tabagisme a également conduit
Odile Lesourne à approfondir un certain nombre de concepts
comme l'agrippement, l'angoisse actuelle et surtout le clivage
du moi à propos duquel elle suggère une nouvelle théorisation.
Au terme de cet ouvrage, fumer en excès apparaît comme
un cheminement entre la vie et la mort, une tentative pour
reprendre pied dans la vie en retournant à des expériences
fondatrices et pour maîtriser la mort en l'acclimatant en soi
progressivement. Cette nouvelle édition est accompagnée
d'une préface inédite de l'auteur.