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Le système-monde actuel (capitalisme + science
+ industrie) se trouve confronté à un problème insoluble.
D'un côté, il ne peut profiter qu'à un petit nombre de nantis
au risque de totalement déstabiliser l'écosphère ; de l'autre, le
mouvement d'autoreproduction qui l'anime aspire dans le
giron de son «développement» la population de la planète
non encore intégrée. Une fois dépossédée de ses moyens de
subsistance, celle-ci n'a alors d'autre ressource que de tenter
par tous les moyens de progresser vers le centre pour y gagner
en confort ce qu'elle vient de perdre en liberté. C'est cette
impasse de la pensée qu'il faut désormais affronter : pour nous
permettre de maintenir notre niveau de vie, le système-monde
impose une croissance économique infinie, dont nous
savons qu'elle est incompatible avec la sauvegarde d'une
planète par nature finie. Compte tenu de la croissance
démographique prévisible, de la légitime aspiration des
peuples de la périphérie à voir leurs besoins satisfaits, de la
dégradation du substrat biologique de la planète et de
l'inanité des solutions techno-scientifiques proposées, nous
n'avons d'autre issue que d'entrer dans une phase de
«décroissance», donnant ainsi le coup de pied à l'âne à une
économie mondiale qui n'en demandait pas tant pour se
trouver au plus mal.