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Les souvenirs d'Anne Drancey constituent un témoignage
exceptionnel : celui d'une Française prise en otage par les
Tchétchènes en 1854. Institutrice chargée d'apprendre le
français à des princesses géorgiennes, elle fut enlevée en
même temps qu'elles par les hordes de Chamyl, chef des
Tchétchènes, et transportée dans des conditions effroyables
avec ses maîtresses jusque dans le harem de ce redoutable
guerrier considéré encore aujourd'hui comme un héros de la
résistance contre les Russes.
On pourrait douter de la véracité de ce récit de captivité écrit
à la manière d'un roman d'aventures, si les archives de son
auteur n'avaient été retrouvées par Claudine Herrmann
au cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de
France. D'une plume alerte, Anne Drancey évoque la famille
princière au sein de laquelle elle vivait jusqu'au drame qui
devait la conduire en Transcaucasie au milieu des femmes
de Chamyl. Elle décrit avec force détails les usages et les
moeurs du peuple qu'elle découvre, donne des exemples
touchants de la solidarité des femmes entre elles, et montre
innocemment comment des otages peuvent être fascinés par
leurs geôliers. Enfin, les négociations entreprises de part et
d'autre pour échanger les prisonnières contre une rançon et
d'autres captifs font irrésistiblement penser à des événements
contemporains.