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La bohème littéraire, ce sont des images de grisettes, de jeunes peintres
et poètes vivant d'amour et d'eau fraîche sous les toits, moquant
bourgeois et propriétaires. Des scènes de cafés, des blagues, des mystifications,
des histoires de petits journaux. C'est en quelque sorte une
maladie infantile de la littérature mais qui structure toujours nos représentations
de ce monde. Les débuts difficiles, la vache enragée, les
amours de jeunesse, la pauvreté comme gage d'authenticité, tout ce
légendaire a été écrit, mis en scène, chanté, peint, et c'est cette histoire
à la fois drôle et mélodramatique qui est racontée dans le premier volet
de cette anthologie de la Bohème.
L'ouvrage est organisé autour de deux textes-phares repris en intégralité.
Le premier, l'Histoire de Murger par trois buveurs d'eau, publié en
1862 au lendemain de la mort d'Henry Murger, raconte l'aventure du
groupe baptisé «Les Buveurs d'eau», les uns en quête de l'art pour
l'art, les autres faisant face à la précarité en faisant du petit journalisme.
Le second texte, lui aussi emblématique, Les Derniers Bohêmes,
est signé de Firmin Maillard. Fortement évocateur et anecdotique, c'est
l'une des principales sources de toutes les histoires de la bohème littéraire
qui suivront. Il en offre une photographie à travers le reportage
d'une soirée grandiose dans la célèbre Brasserie des Martyrs où défile
près d'une centaine de personnages atypiques. Aucun de ces deux
ouvrages n'avait bénéficié jusqu'alors d'une édition annotée et documentée.
Autour de ces témoignages on trouvera des textes traitant de la
condition précaire de l'écrivain dans des registres qui vont de la polémique
à l'autodérision : articles de presse, littérature de brasserie, biographies
à la vapeur... La diversité de ton de ces textes, souvent humoristiques,
dessine les contours du pays de Bohème «bornée au nord
par l'espérance, le travail et la gaieté ; au sud, par la nécessité et le
courage ; à l'ouest et à l'est, par la calomnie et l'Hôtel-Dieu...»