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Au Moyen Âge, la puissante faculté de médecine de Paris, fondée au XIIIe
siècle, régente seule la profession de soigner. La Renaissance marque une
rupture, qui s'accentue jusqu'au siècle des Lumières ; la faculté perd peu à
peu son pouvoir, au profit d'un petit groupe de privilégiés appelés
«médecins de cour», réunis au sein d'une structure concurrente : la
Maison médicale du roi. À sa tête, le premier médecin du roi, rejoint
bientôt par un premier chirurgien.
Le pouvoir de ces deux hommes est considérable parce qu'ils s'occupent
de la santé la plus précieuse du royaume : celle du corps sacré du souverain.
Ces hommes, Fagon, Chirac ou Mareschal, bien que très puissants,
restent méconnus : Guy-Crescent Fagon (1638-1718), premier médecin
de Louis XIV, était, nous dit Saint-Simon, «de bien des degrés au-dessus
des ministres»...
Qu'entend-on par Maison médicale du roi ? Dans quelle mesure fonctionne-t-elle
comme un véritable «ministère de la Santé» avant la lettre ?
Quel type de médecine pratique-t-elle ? Quel est son rôle dans la création
des grandes institutions de santé des XVIIe et XVIIIe siècles contrôlées par la
monarchie : Jardin du roi, Collège royal de chirurgie, École de dissection,
Société royale de médecine ? Ce sont là quelques-unes des questions soulevées
par cet ouvrage.
Dans cette guerre de trois siècles entre Faculté de médecine de Paris et
Maison médicale du roi, il n'y aura pas de vrai vainqueur : la faculté parisienne
restera jusqu'au bout arc-boutée sur ses privilèges, tandis que la
Maison médicale finira par conquérir une autorité reconnue sur
l'ensemble des professions de santé.
Ce livre éclaire d'un jour nouveau les rivalités entre institutions traditionnelles
et institutions nouvelles proches du pouvoir royal, alors que se joue
la révolution scientifique du Grand Siècle.