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Appels d'air fait le pari d'un récit atypique qui mettrait en oeuvre
l'identité en crise, entreprise de l'absolu à l'impossible. À la fois
réflexive et spéculative, l'écriture évolue librement, expression singulière
inscrite dans la contrainte d'une autographie (résolument
proustienne comme dans toute la trilogie Les Maîtres-Mots).
Sont ainsi traités l'énigme levée de l'oeuvre (les prodiges d'inspirations,
l'effervescence de la création, la scène de l'écrit, le masque
de l'auteur), la conscience (le détail de l'inconnu, le monde des
contingences, la puissance de découverte), l'intime (la bienveillance
détachée, l'humeur spirituelle, le miroir intérieur), le désir (les liaisons
imaginaires, l'idéal physique, les confidences volontaires), l'amour (le
coeur assassin, l'exil intérieur, l'amour dédoublé, l'accord unique), le
délire (la présence diffuse, les suggestions du délire, la folie d'écrire),
etc., interprétés en forme de rhapsodie, non plus fuguée (comme dans
Temps Mort) mais creusée en cavatines, avec le spectre d'une clarté
d'évidence sur fond d'abîme, à discrétion.
Il y a là, plutôt qu'une simple jouissance de soi, une condensation
maximale du récit (à la signature en surplomb) inscrit dans le dialogue
quasi hypnotique entre l'intelligence et la sensibilité, transgressif au
grand jour, tel une vaste ellipse, de la métamorphose de la réalité à la
traversée des apparences, relevée en paradoxe d'expérience, libérant
un espace à se jouer de tous les temps, à maudire tous les clichés.