Read more
Dans quasi toute son histoire, la philosophie a volontiers cultivé son
affinité native avec les arts plastiques mais elle s'est en revanche employée
à négliger voire mépriser la musique. Un tel bâillon parle et trahit la fascination
apeurée que l'art musical, comme un chant de sirènes, produit chez
le philosophe. C'est que, loin d'être, comme tout art du reste mais plus
radicalement, un divertissement agréable, la musique déploie un autre sens
du sens et de la vérité que ceux définis philosophiquement : si elle n'a pas
de sens, c'est parce qu'elle est sens. Dans cet essai, l'auteur propose de se
mettre à l'écoute de ce sens, autant que le travail du langage et du concept
le permet. Porter le langage à sa limite revient ici à dessaisir le sujet de sa
position cartésienne de souveraineté pour reconnaître en son tréfonds, sa
constitution de vivant respirant d'un souffle qu'il ne peut que recevoir. La
respiration porte le rythme qui anime la musique. Par l'analyse de la différenciation
rythmique, on pourra comprendre comment le silence, cet indifférencié
absolu, est lieu de provenance de toute musique. Les références
faites en chemin aux compositeurs, essentiellement Jean-Sébastien Bach,
Robert Schumann, Olivier Greif et Henri Dutilleux conduisent par-delà
la diversité des siècles et des styles, à ce même creuset d'absolu dont éclot
toute musique.