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Comprendre une oeuvre d'art ne consiste pas à lui appliquer une méthode toute prête
à porter. Au contraire, la proposer sous les feux de différentes approches permettrait
d'en offrir quelques diverses parcelles de vérité. Une esthétique psychanalytique
consisterait à emprunter à la psychanalyse sa logique et ses objets afin d'éclairer
notre réception de l'oeuvre, tout en restant fondée sur son analyse plastique.
L'art symboliste (pictural), apparu tout comme la psychanalyse au tournant du
XIXe et du XXe siècle, déploie les mêmes intérêts pour la psyché, découvre les mêmes
procès... mais autrement, bien sûr, c'est-à-dire par des oeuvres.
L'histoire de la pensée a aussi ses énigmes : ainsi, comment se fait-il qu'OEdipe,
après avoir dévoilé le Sphinx (après avoir pris sa question à un niveau symbolique),
se jette tout de même dans les bras de sa mère ? En examinant OEdipe et le Sphinx
de Gustave Moreau nous renverserons la problématique : et si c'était la rencontre
avec ce monstre femelle envoyé des dieux qui le conduisit justement à l'inceste ?
Le tableau n'en finit pas de receler de nouvelles voies de compréhension de ce
mécanisme de la psyché...
D'autres notions connexes seront déployées sous l'habileté de F. von Stuck,
A. Böcklin, E. Munch, F. Knopff, C. Schwabe, O. Redon, F. Rops, G. Klimt
notamment. La séduction (et le trauma), l'amour (et l'autre), l'angoisse (et la mort)
la pulsion de savoir (et le corps), les destins pulsionnels en jeu (perversion,
refoulement, sublimation), le deuil (et la mélancolie), le fonctionnement symbolique
sont autant de thématiques travaillant leurs créations.
De sa voix différente de la psychanalyse, l'art symboliste nous tend le miroir de
notre âme, l'éclairant dans ses recoins les plus obscurs. Comme mû par une pulsion
de savoir à peine suggérée, en Psyché visitée par Eros, l'art en continuera,
obstinément, l'investigation.