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Depuis juillet 1953, après trois années d'un conflit dévastateur et
sanglant, il y a deux Corées. Celle du Nord, où règne une dictature
héréditaire et ubuesque qui condamne ses vingt-deux millions
d'habitants à la misère et à l'isolement. Et celle du Sud, qui s'est
hissée au 12e rang des économies les plus développées de la
planète et constitue désormais un des pôles les plus actifs de la
démocratie numérique et de la mondialisation culturelle. Endoctrinement
fanatique à Pyongyang, libéralisme triomphant à Séoul ;
aujourd'hui, on ne parle plus de la Corée qu'au superlatif : modèle
ou repoussoir, miracle ou tragédie.
Mais si la Corée d'aujourd'hui fait de plus en plus parler d'elle,
celle d'hier, avant la guerre (1950-1953) et la colonisation japonaise
(1910-1945), demeure largement méconnue. On ignore que
la péninsule fut un creuset d'innovation scientifique et technique,
un centre intellectuel et religieux, auquel on doit aussi bien la mystique
bouddhiste que la pâte à papier, l'imprimerie sur caractères
mobiles ou la céramique céladon. Régulièrement ravagée par les
invasions et par les guerres, constamment menacée par ses deux
puissants voisins, la Chine et le Japon, qui ont cherché à l'asservir
ou à la coloniser, la Corée a su s'adapter pour préserver son identité
culturelle et imposer son autonomie politique.
Du premier royaume de Joseon fondé, selon la légende, en 2333
avant Jésus-Christ aux deux États qui se partagent aujourd'hui la
péninsule, en passant par l'âge d'or du roi Sejong (XVe siècle) et
l'invention de l'alphabet coréen, toujours en usage, l'histoire de la
Corée est une épopée, qu'il reste à découvrir. Elle en vaut la peine.